Bericht auf Deutsch hier
La coalition rouge verte au pouvoir du Land de Westphalie Rhénanie du Nord à promis la fermeture de l’usine d’enrichissement de l’uranium (UAA) située à Gronau non loin de la ville de Münster. Cette usine qui enrichit de l’uranium pour les installations nucléaires du monde entier – l’exploitant URENCO détient 10 % du marché mondial – a une autorisation d’exploitation illimitée dans le temps et ne fait pas partie de la sortie du nucléaire promise par le gouvernement fédéral. La promesse de fermeture faite par le gouvernement régional du Land est surtout une promesse sur le papier, faite au moment d’élections pour gagner les voix d’une population majoritairement hostile au nucléaire. Et la seule chose qui puisse faire avancer la fermeture, c’est un climat politique défavorable à l’exploitation et la pression d’en bas, des militantEs antinucléaires. Pour ce qui est du climat politique, les pannes en séries dans les centrales belges et françaises approvisionnées en combustible avec de l’uranium enrichi à Gronau, ont poussé les politicienNEs à reparler du sujet. Les différents ministres du Land et du Bund (fédéral) ne cessent de se renvoyer la balle, déclarant que la fermeture n’est pas de leur ressort mais de celui de l’autre. Bref comme souvent, le politique fait mine d’agir mais rien ne se passe. C’est ce qui a motivé une vingtaine de militantEs à bloquer l’usine au matin du 11 juillet 2016.
Les militantEs ont bloqué l’entrée principale de l’usine avec deux tripodes (trépieds) de près de 6 mètres de haut. L’entrée secondaire a été occupée par des activistes perchéEs dans des arbres avec un pont de singe construit à partir de cordes pour barrer le passage.« Vu que le politique n’est pas à la hauteur de l’enjeu, et bien c’est nous qui mettons la fermeture de l’usine en œuvre ! » expliquèrent les manifestantEs. Dans leur communiqué de presse, ils/elles critiquèrent aussi bien le tour de passe-passe du politique que les exports d’uranium qui permettent le fonctionnement d’installations nucléaires dans le monde entier. Sans oublier la problématique des déchets nucléaires. 90 % de l’uranium qui arrive à Gronau finit sous forme de déchet.
Seuls 10 % ressortent sous forme d’uranium enrichi destiné à la fabrication de combustibles nucléaires – ou de bombes, cela est fort possible avec la technique utilisée à Gronau, c’est d’ailleurs en partie grâce à la firme URENCO que le Pakistan a la bombe atomique, un travailleur d’origine pakistanaise employé un temps à l’usine en a profité pour copier et ramener les plans de l’usine d’Almelo (voisine de Gronau, elle aussi exploitée par URENCO) dans son pays natal (Rapport en anglais à ce sujet, pdf). Et puis les 90 % de déchets sont un vrai problème. Il s’agit d’hexafluorure d’uranium appauvri. Ils sont faiblement radioactifs et très toxiques. Si l’UF6 entre en contact avec l’air et l’humidité, il se forme de l’acide fluorhydrique. Ces déchets ont pendant longtemps été envoyés en Russie (Sibérie), malgré l’interdiction qui pèse sur l’export de déchets nucléaires – sous prétexte que l’uranium serait recyclable et les matières donc pas des déchets mais des matières réutilisables qui n’ont cependant pas été réutilisées et sont encore aujourd’hui stockées à ciel ouvert exposées aux intempéries en Sibérie.
L’export à cessé en raison des nombreuses actions de protestations du mouvement antinucléaire, dont des blocages de trains à destination de la Russie. C’est la coopération entre militantEs antinucléaires AllemandEs et Russes qui a permis cette victoire d’étape. L’UF6 appauvri est aujourd’hui en partie stocké en plein air sur le site de Gronau et on ne peut qu’espérer qu’il n’y ait pas de fuites. Une partie des déchets est actuellement en France à Pierrelatte. L’UF6 est tellement dangereux, qu’il est envoyé en France pour une conversion en oxyde d’uranium pour être ensuite réacheminé pour un entreposage à durée indéterminée à Gronau – pour l’heure on ne sait que faire de ces déchets. L’usine de Gronau a été agrandie dans les années 2000 (décision de la coalition fédérale rouge verte!) , par contre on n’a pas construit d’installation pour convertir les déchets en oxyde d’uranium (puisque à cette époque on nous disait que c’était pas des déchets, que c’était pas dangereux de les envoyer en Russie).
Dans leur communiqué, les activistes ont aussi thématisé les conséquences désastreuses pour la santé humaine de l’exploitation de l’uranium dans les pays fournisseurs de matière première – c’est aussi actuellement l’objet de nombreuses action de protestation de la part des antinucléaires, en avril 2016, deux militantes ont bloqué un train de Yellow Cake à Buchholz en descendant en rappel au-dessus de la voie ferrée. Le Yellow Cake était en provenance de Namibie et à destination de Narbonne Malvési dans le sud de la France, il avait transité par le port de Hambourg, une plaque tournante pour ce trafic. « L’uranium est en très grande partie exploité sur les terres de populations indigènes, ce sont les premières victimes des destructions environnementales et humaines alors que les profits, eux, sont faits ici. C’est du colonialisme moderne. »
La firme URENCO n’était pas préparée à une telle manifestation et a vite été submergée par l’intérêt des médias pour l’action. Le sujet était et est toujours en raison des déclarations de bonnes intentions sans suites des différents ministres particulièrement d’actualité.
URENCO a déclaré à la presse vouloir respecter le droit fondamental des militantEs à exprimer leur opinion et manifester – tout en espérant qu’ils et elles allaient plier bagage rapidement. Les militantEs n’y pensaient pas une seconde ! « Nous sommes venuEs pour rester » etait inscrit sur une des banderoles.
La firme URENCO, qui vis à vis des médias se disait si tolérante, a en fait en accord avec la police appliqué une technique d’usure. Plusieurs manifestanEs ont été arrêtéEs au beau milieu de la manifestation et eu droit à jusqu’à 14h de garde à vue. La police a empêché les grimpeurs et grimpeuses de se relayer en arrêtant ceux et celles qui se trouvaient au sol avec du matériel d’escalade. Lors d’une arrestation, la police a mis une grimpeuse en danger, elle a failli renverser le tripode sur lequel elle se trouvait ! La tactique de l’usure n’a cependant pas fonctionné. Lorsqu’après une nuit passée sur place, les manifestantEs ont commencé à installer des tentes et bâches sur leur perchoirs, en prévision de l’orage qui approchait, c’en fut trop pour URENCO qui perdit patience. Le blocage de l’usine a été dissout par la police après 36h d’occupation. La police anti-émeutes et une équipe de police spécialisée dans les hauteurs (escalade) sont intervenuEs.
Les police a embarqué tout le monde – même un passant qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment ! Et parce que URENCO n’aime pas faire de vagues et préfère une intervention en secret, l’éviction a eu lieu sans sommation préalable. Le journaliste présent à ce moment là a été empêché de faire son travail pendant 15 bonnes minutes. « État nucléaire made in Gronau » ont écrit les militantEs à propos de leur éviction. « URENCO ne supporte pas la critique et se sert de la police pour imposer sa politique. Le nucléaire n’est depuis bien longtemps imposable à la population qu’au prix d’un Etat policier. Nous ne nous laissons pas intimider et continuerons dans le future à combattre le nucléaire. »
Les manifestantEs font le bilan d’une action réussite qui a redonné de la vigueur au débat sur la fermeture de l’usine.
Ecureuille
Lien vers la galerie d’images de l’action