Quand des journalistes d’investigation s’attaquent au nucléaire.
Très rare à la télévision française… un documentaire très critique sur le nucléaire, qui nous parle non seulement des coûts exorbitants de cette technologie, que le discours officiel dissimule intentionnellement, mais aussi des déchets nucléaires qui n’en sont pas officiellement parce qu’il s’agit soi-disant de matières revalorisables. Elles ne sont certes pas revalorisées, doivent être entreposées comme les déchets nucléaires, mais pour le discours officiel, un „revalorisable“ suffit pour affirmer que ce ne sont pas des déchets et nous faire croire que par exemple, le retraitement c’est du recyclage. Et puis attention, quand un centre de stockage fuit de partout et la radioactivité contamine l’environnement, non, ce ne sont pas des „fuites“mais un « phénomène de relâchement ».
Le documentaire évoque aussi des accidents nucléaires restés secrets pendant des années.
Tels les deux fontes partielles de cœur à la centrale de Saint Laurent des Eaux avec rejets de plutonium dans la Loire, accidents officiellement classés 4 sur l’échelle des accidents nucléaires, alors que des rejets de radioactivité à l’extérieur comme ils se sont produits imposeraient une classification 5. Cela est cependant resté secret…des documents internes d’EDF le prouvent cependant. La réaction des nucléocrates est d’autant plus sidérante… En particulier la réaction de Marcel Boiteux, responsable EDF à l’époque (et à ce jour président d’honneur d’EDF). Il nie savoir qu’il y a eu un accident. Au cours de l’interview on se rend vite compte que Monsieur Boiteux sait parfaitement de quoi il retourne. Pour finir il nous dit que oui, le plutonium a été rejeté pendant cinq ans dans la Loire, c’est illégal, mais qu’est-ce qu’on aurait pu faire d’autre ?
Ça fait froid dans le dos, quand on sait que l’ingestion d’un millionième de gramme de plutonium suffit au déclenchement d’une Leucémie, quand on sait que la population n’a pas été informée, la baignade dans la Loire n’a pas été interdite…
J’ai grandi à quelques kilomètres de Saint Laurent des Eaux. Et parfois je me pose des questions. Je suis atteinte de polyarthrite rhumatoide. On ne sais pas d’où vient cette maladie dite auto-immune, elle a sûrement plusieurs facteurs déclenchants.. Un ami qui a beaucoup travaillé avec des enfants de la région de Tchernobyl m’a dit que la polyarthrite (à côté de nombreuses autres maladies) était souvent diagnostiquée dans la région, il y a une fréquence de maladies auto-immunes chez les jeunes anormale, beaucoup plus élevée que dans le reste de la population. Il semblerait que la radioactivité joue là un rôle.
Les journalistes ont fait des recherches sérieuses et obtenu des interviews inédites avec des responsables d’AREVA, de l’ANDRA ou encore d’EDF. Un très bon reportage, même si bien sûr de nombreux aspects des problèmes n’ont pas été traités (tels les déchets issus de la chaîne de production du combustible ou bien la dimension internationale).
Le documentaire „Spécial investigation Nucléaire : la politique du mensonge ? » est disponible sur Youtube (je ne sais pas pour combien de temps): Video
Arte a de son côté diffusé une série de reportages très intéressants sur le scandale UraMin (Mines d’uranium appartenant à AREVA en Namibie, Afrique du Sud et au Niger). Les reportages et le dossier interactif sont sur le site d’Arte.
AREVA et Uramin: Bombe à retardement du nucléaire français: http://www.arte.tv/sites/fr/story/reportage/areva-uramin-bombe-a-retardement-du-nucleaire-francais/
Intéressant aussi l’émission piece à convictions sur l’affaire UraMin: https://www.youtube.com/watch?v=wIoCWQ9xGak
Et puis… la sortie du nucléaire, bien sur que c’est possible. Même des institutions officielles telles l’ADEM le disent! Même si je vois les choses différemment et suis d’avis que le seul choix politique responsable à faire est celui de la sortie immédiate du nucléaire! C’est une question de choix de société et choix de vie. Le meilleur KW/h es celui qui n’a pas besoin d’être produit. La sortie immédiate, c’est aussi une remise en question du capitalisme, du gaspillage, de la destruction de notre environnement. Proposer une sortie du nucléaire seulement à long terme, c’est pas assez à mes yeux. Je ne veux pas que les miettes du gâteau mais bien toute la boulangerie!