Il est parfois difficile de savoir où est la limite entre la douleur et le plaisir. J’adore l’escalade sur rocher, j’y apprécie la nature à sa pleine valeur. Je me bats pour cette nature au quotidien dans mes activités politiques et le fait que je m’exprime volontiers par des actions d’escalade militantes a à voir avec ma passion pour l’escalade, évidement. Si je ne vais cependant quasiment jamais grimper en falaise, c’est à cause de ma polyarthrite. Mes pieds sont très touchés par cette maladie qui cause une inflammation chronique de mes articulations, alors en falaise le gratonnage sur la pointe des pieds. Aie aie aie! La dernière fois que j’avais fait des grandes voies d’escalade en plusieurs longueurs, c’était il y a 8 ans, avant que ma maladie ne se manifeste de façon chronique. Et voilà qu’à présent j’ai à nouveau osé me lancer…
Je suis allée grimper dans la vallée du Donau, c’est dans le sud de l’Allemagne, il y a plein de falaises un peu partout, qui font souvent autour de 100 mètres de haut. C’est du calcaire. Trous, fissures, dalles, dévers, couennes ou grandes voies, il y a de tout. L’avantage de ces falaises, c’est qu’elles sont accessibles en seulement quelques minutes de marche. C’est important pour moi, car la marche est, elle aussi, fort douloureuse et même en l’absence de crise, je ne peux gère marcher plus d’un quart d’heure – au-delà les douleurs deviennent de plus en plus difficiles à supporter. J’ai des douleurs liées à ma polyarthrite en permanence, mais lors des crises elles, sont décuplées et je ne sais que faire à part dire que j’ai mal à qui veut l’entendre… Les différentes thérapies que j’ai essayées jusqu’à présent n’ont pas vraiment été couronnées de succès, sans cortisone je ne serais pas même capable de faire un pas.
J’étais donc contente de pouvoir grimper dans la vallée du Donau! Je ne pouvais chaque jour pas faire beaucoup de voies, j’avais bien du mal à évaluer mes capacités. Jusqu’à quel point l’escalade me fait-elle plaisir, à partir de quand les douleurs prennent-elles le dessus ? Grimper sans ces douleurs reste un rêve inaccessible, je crois que qui ne connais pas la maladie ne peut pas se rendre compte de combien ces douleurs font partie de mon quotidien et me pèsent.
Mais non, je ne regrette pas de m’être lancée, les sensations de l’escalade, le contact avec le rocher, le vide, le paysage. Tout cela m’a tellement manqué ces dernières années. L’escalade reste malgré la maladie ma passion et chaque expérience comme sur les falaises du Donau est une petite victoire.
Non ce n’est pas facile. Mais ça me motive pour continuer à me battre et peut-être qu’un petit compte rendu comme celui-ci peut aussi motiver d’autres personnes!
Me voilà pleine d’énergie pour de nouvelles actions politiques au-dessus des rails, dans les arbres, sur des ponts ou des immeubles…