Publié le 1er janvier 2023 sur atomstadt-lingen.de ;
traduction de Eichhörnchen l’écureuille
« Shut down » – « Arrêter », peut-on lire sur une grande banderole jaune sur la façade d’un bâtiment de l’usine d’uranium de Lingen, en Basse-Saxe.
Des militant.e.s antinucléaires occupent le toit d’un bâtiment de la fabrique de combustible nucléaire d’ANF/Framatome. L’occupation a lieu symboliquement à la Saint-Sylvestre, autour de minuit : les activistes ne souhaitent pas de bonne année à l’industrie nucléaire et exigent la fermeture immédiate de toutes les installations nucléaires.
Iels critiquent la dangereuse poursuite, motivée politiquement, de l’exploitation de trois centrales nucléaires: la centrale d’Emsland, celle de Neckarwestheim et celle d’Isar – qui auraient initialement dû être arrêtées le 31/12/22 – ainsi que des transports d’approvisionnement en uranium et l’exploitation des installations de l’industrie nucléaire.
En effet, les centrales nucléaires ne sont pas les seules à continuer à fonctionner. Les transports d’approvisionnement en uranium et la production de barres de combustible nucléaire dans l’usine ANF/Framatome à Lingen ainsi que l’enrichissement d’uranium dans l’usine d’uranium par l’entreprise Urenco à Gronau sont totalement exclus de la sortie du nucléaire allemande. Il n’y a pas de date d’arrêt pour ces installations.
Le commerce d’uranium en provenance et à destination de la Russie est en outre exclu des sanctions prises dans le cadre de la guerre en Ukraine. Des cargos d’uranium en provenance de Russie arrivent actuellement régulièrement dans les ports de Rotterdam (NL) et de Dunkerque (F), avec parfois de l’uranium en provenance Russie destiné à l’usine de fabrication d’éléments combustibles de Lingen. Le partenaire commercial de Framatome est le groupe nucléaire étatique Rosatom, fondé par Poutine lui-même. C’est grâce à cette entreprise que le trésor de guerre de Poutine se remplit. Rosatom coordonne en outre la gestion technique de l’occupation de la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine, conquise militairement – elle participe donc directement à la guerre en Ukraine et dessert les intérêts du Kremlin. Il n’y a pas seulement le risque d’une frappe nucléaire, les centrales nucléaires elles-mêmes deviennent des armes et cibles.
L’énergie nucléaire et les armes nucléaires sont les deux faces d’une même médaille. Comme l’a formulé un jour le président français Macron dans la forge nucléaire du Creusot : « Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil ».
Début décembre 2022, il a été annoncé que le groupe nucléaire français Framatome prévoyait de créer un joint-venture avec Rosatom pour la production de combustible. Cela a bien entendu des répercussions sur l’usine de fabrication de combustible exploitée par Framatome à Lingen/Emsland. Le joint-venture ne sera pas enregistrée en Allemagne – comme prévu il y a encore un an et combattu avec succès par les antinucléaires – mais en France.
« Avec ce nouveau Joint-Vemture, le président français Macron veut détourner l’attention d’une débâcle politique intérieure, de la débâcle de sa propre industrie nucléaire. Les énormes déficits du groupe public EDF et l’exploitation peu fiable et sujette à de nombreuses pannes des centrales nucléaires fissurées montrent à quel point la politique française axée sur le nucléaire est un « succès ». La France importe massivement de l’électricité et risque de subir des blackouts contrôlés », expliquent les activistes.
Outre la Russie et les régions sous son influence, l’uranium utilisé dans les usines d’uranium allemandes provient souvent d’anciens territoires coloniaux comme le Niger ou la Namibie. « L’extraction de l’uranium est une forme de néo-colonialisme. L’uranium doit rester sous terre », exigent les militant.e.s.